L’approche Pikler Loczy

Loczy ou le maternage insolite

L’ouvrage Loczy ou le maternage insolite, de Myriam David et Geneviève Appell, est un témoignage précieux des travaux menés par le docteur Emmi Pikler au sein d’une pouponnière en Roumanie, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Loczy ou le maternage insolite

 

Cette pouponnière accueillit des orphelins de guerre, qui y furent maternés et soignés d’une façon exceptionnelle. Il s’agissait de permettre à ces enfants sinistrés de se développer le plus harmonieusement possible.

Sous la direction du docteur Emmi Pikler, le lieu proposait un environnement permettant à l’enfant d’exprimer librement son mouvement spontané, ainsi que de choisir son activité. Comme l’avait également mis en place Maria Montessori 40 ans plus tôt.

 

En effet, Emmi Pikler, était forte de ses observations des tout petits, et convaincue que le mouvement ne s’enseigne pas par l’adulte, mais qu’il naît spontanément chez l’enfant. Il s’agissait alors de laisser éclore, se développer et se réaliser ce mouvement naturel en toute liberté.

L’accueil des bébés au quotidien se voulait respectueux du rythme de chacun. Elle pointait elle aussi tout comme Maria Montessori, l’importance du rythme individuel de chaque enfant. Les travaux d’Emmi Pikler témoignent à quel point il est important en tant qu’adulte de ne pas vouloir substituer son rythme à celui de l’enfant. En agissant ainsi on brûle les étapes de son développement naturel, on frustre son exploration, sa confiance en lui, et on freine sa connaissance de lui-même et du monde.

La question du rythme de nos vies modernes d’adultes et aujourd’hui plus que jamais d’actualité. À l’heure de la course à l’efficacité et à l’accumulation d’activités, nous recentrer sur le rythme de l’enfant, paraît essentiel afin de soutenir son développement harmonieux.

Aussi observer son mouvement, s’adapter à son rythme, montrer l’exemple au jeune enfant en prenant le temps de réaliser nos actions de façon ordonnée et appliquée : voilà la meilleure aide extérieure que nous pouvons apporter au développement du mouvement.

Ce que le docteur Pikler a nommé « Le maternage insolite » est un véritable accompagnement de l’enfant dans la prise de conscience de son corps et de sa personne.

Au sein de la pouponnière Loczy, chaque adulte portait une attention toute particulière aux soins corporels et vitaux offerts individuellement à chaque enfant

« Le maternage insolite » invite ainsi l’adulte à parler à l’enfant, dès qu’il est dans une relation d’échange et de soin avec lui. Prévenant par exemple l’enfant du changement de position qui va avoir lieu lorsqu’il le déplace, afin que celui-ci puisse anticiper et ne pas être déstabilisé par ce changement. En commentant ce qu’il fait à l’enfant lors du soin, et en mettant des mots sur ce que le bébé semble exprimer. Cet accompagnement verbal nourri la relation; mais aussi la confiance de l’enfant en son environnement; et aide au développement du langage.

Ainsi, en considérant que l’enfant apprend en s’exerçant par lui même, en choisissant son activité et en trouvant ses propres solutions, le docteur Emmi Pikler rejoint la pensée de Maria Montessori.

Et ce notamment concernant l’importance à accorder à la nature de l’aide apportée à l’enfant.

Pour en savoir plus sur l’aide utile apportée par l’adulte , je vous invite à découvrir mon article sur le besoin d’exploration du jeune enfant

 

Fanny

La motricité libérée du tout petit

Motricité libre

Le mouvement libre est libérateur!

Nous pouvons soutenir le bébé dans son développement en favorisant son exploration libre et spontanée de son environnement.

La meilleure aide que nous pouvons lui apporter est d’aménager un environnement adapté permettant la réalisation de son mouvement libre. Et puis à partir de là, il s’agit d’avoir confiance en l’enfant et de le laisser bouger en toute liberté.

Cet aménagement de l’environnement et notre confiance en l’enfant sont essentiels afin qu’il puisse exprimer et explorer toutes ses potentialités, déjà si nombreuses même chez un tout petit bébé!

Si pour explorer et grandir l’enfant doit être libre de ses mouvements, c’est à nous adultes, de ne pas empêcher ses expériences motrices.

Placer un enfant dans une position qu’il ne peut pas encore prendre et quitter de lui même librement, c’est l’enfermer dans un mouvement insécure pour lui et empêcher son autonomie motrice. C’est pour cette raison qu’il est important de ne pas asseoir un bébé qui ne sait pas encore prendre cette position seul, c’est à dire s’asseoir seul.
Pour s’asseoir seul le bébé va pousser sur ses jambes et ses bras, activer les muscles de son dors, rouler sur le côté puis s’appuyer sur ses bras et ses mains et pousser encore pour s’asseoir. C’est un gros effort qu’il apprendra à faire par étapes et qu’il sera fier de réaliser de lui-même. L’infographie ci-dessous nous l’illustre parfaitement :de la naissance aux premiers pas

 

Le fait d’asseoir un bébé va à l’encontre de son développement psychomoteur : installé dans cette position sans l’avoir trouvé lui-même, il ne peut pas bouger comme il le souhaite, ni à son rythme.

Un bébé qu’on assoit alors qu’il n’est pas capable de le faire seul est un bébé qui reste coincé dans cette position. Souvent, lorsqu’il essaie de bouger, le bébé vacille et tombe à la renverse. C’est, justement le signe qu’il n’est pas encore prêt à s’asseoir.

Parfois on souhaite asseoir un bébé afin qu’il puisse « mieux jouer et voir le monde qui l’entoure ». Mais cette logique va à l’encontre de son développement naturel car physiologiquement son corps n’est pas encore prêt à tenir cette position. Il le sera plus tard mais c’est d’abord au sol que le bébé va jouer, apprendre à connaître son corps, éprouver ses forces et se muscler petit à petit.

La motricité du bébé se construit au fil du temps et des ses propres expériences, il apprend intuitivement à orienter son corps au fur et à mesure de la découverte de son environnement. Posé en position assise, le bébé est en fait dans une posture passive qui limite sa mobilité mais aussi son champ d’investigation : tenir la position sans pouvoir bouger, maintenir sa tête encore lourde, être déséquilibré à la moindre tentative d’attraper un objet, n’avoir la possibilité de regarder que ce qui est posé devant lui… ce n’est pas très stimulant !

Or, certains « objets de puériculture » que l’on peut penser ludiques et bons pour nos enfants sont en réalité de véritables entraves à leur développement. Les youpalas et autres trotteurs en font partie.

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En effet, un youpala ou un trotteur n’aideront pas l’enfant à s’asseoir ou à marcher plus rapidement, au contraire!
C’est de lui-même, en roulant sur le dos, puis sur le ventre, en rampant, que le bébé va se muscler physiquement tout en développant ses capacités motrices et la maturité globale qui l’amèneront à se tenir assis, puis bien droit.

Nous pouvons le soutenir en lui proposant un joli tapis d’éveil et en y plaçant de beaux objets qui éveilleront sa curiosité et lui donneront envie de venir par lui-même les découvrir. Par ailleurs, en tant qu’adultes, à nous de le regarder et de l’encourager verbalement pour l’accompagner dans toutes ses découvertes !

Enfin lorsqu’on parle de mouvement ou de motricité libres, il parait indispensable d’aborder les travaux réalisés par le docteur Emmi Pikler. Ils sont un formidable outil pouvant nous accompagner, et je vous en propose une petite présentation ici

Je place également ici un lien vers un article très complet proposant le point de vue d’une psychomotricienne sur la position assise du bébé.


Petit résumé pratique

  • La motricité libre permet à l’enfant d’explorer son ambiance de vie.

  • Simplement en vivant dans son milieu, à nos côtés, et en multipliant les expériences sensorielles et motrices, il se construit psychiquement et socialement.

  • À nous adultes, d’aménager un environnement qui permette cette motricité libre

  • Mais aussi de nourrir notre confiance en l’enfant

  • Et de veiller à ne pas substituer notre rythme à celui de l’enfant.

Fanny

Le besoin d’exploration du jeune enfant

L’enfant est mue par des guides intérieurs, des forces innées à notre espèce, qui le poussent à explorer sans cesse son environnement.

Lorsqu’on prend le temps d’observer un bébé, on ne peut que constater toute les forces et la volonté que celui-ci déploie pour cette exploration.

Les bébés sont de merveilleux observateurs, très patients et très attentifs. L’enfant, que Maria Montessori qualifiait de « chercheur d’impressions », apprend d’abord en regardant, en écoutant, en sentant, en goûtant, en touchant toutes les choses qui l’entourent. Sa main, formidable outil d’apprentissage et de construction, attrape; par réflexe d’abord, puis volontairement. La main touche, serre, lâche, caresse, prend, jette, fait rouler, fait sauter, porte à la bouche bien sûr; car c’est par ce biais dans un premier temps que le bébé reconnaît puis classifie les différents objets du monde qu’il rencontre.

Puis, dès qu’il peut changer de position par lui-même et se déplacer, dans la façon qu’il a de positionner son corps dans l’espace et de se mouvoir; l’enfant explore, apprend, s’adapte, et répète encore son effort, sans cesse. Le bébé est artisan de sa propre construction. Un artisan tenace, appliqué et très volontaire. Un explorateur passionné et infatigable….pourvu qu’on le laisse faire!

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En tant que parent ou éducateur, il peut être parfois difficile de décoder certains comportements ou réactions du tout jeune enfant et de lui proposer une réponse ou une aide adaptées.

Il s’agit alors de prendre le temps d’observer le bébé ou le jeune enfant, et d’essayer de le comprendre. Car c’est avant tout par son mouvement extérieur que l’enfant va nous donner les clés de ce qui se joue pour lui à l’intérieur, dans sa construction personnelle. En l’observant, on réalise que chacun des comportements de l’enfant exprime un besoin, une tendance, une sensibilité particulière.

En effet, il est possible de donner du sens aux comportements du tout jeune enfant. Il ne s’exprime pas encore par le langage oral, mais son langage corporel quant à lui nous en dit long! Cette pratique de l’observation attentive de l’enfant nous permet de repérer les besoins essentiels, que l’enfant cherche à satisfaire de par ses actions et ses comportements. En repérant ces besoins essentiels, nous pouvons alors accompagner et aider l’enfant dans son apprentissage autonome de la vie.

Maria Montessori écrivait que l’enfant apprend simplement en vivant, de par ses expériences dans son milieu et ses différentes interactions avec celui-ci. Lorsque je parle ici d’autonomie, il s’agit donc de ce que seul l’enfant peut faire et accomplir par lui-même; ce pourquoi nous ne pouvons nous substituer à lui.

C’est parfois difficile mais il s’agit de trouver le positionnement juste. Celui qui permettra à l’enfant de répondre à son besoin d’autonomie tout en conservant sa base de sécurité affective et physique.

Maria Montessori nommait ce positionnement l’aide utile. Vous pouvez cliquer ici pour accède au billet que j’ai consacré à ce sujet.

A bientôt, pour de nouvelles explorations 🙂

Fanny


Petit résumé pratique 

  • Le jeune enfant est un formidable explorateur de son milieu.

  • L’apprentissage spontané et autonome est l’expression naturelle des besoins développementaux de l’enfant.

  • C’est avant tout par son mouvement extérieur que l’enfant va nous donner les clés de ce qui se joue pour lui à l’intérieur, dans sa construction personnelle.

  • A nous adultes, de prendre le temps d’observer le bébé ou le jeune enfant, et d’essayer de le comprendre.