L’approche Pikler Loczy

Loczy ou le maternage insolite

L’ouvrage Loczy ou le maternage insolite, de Myriam David et Geneviève Appell, est un témoignage précieux des travaux menés par le docteur Emmi Pikler au sein d’une pouponnière en Roumanie, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Loczy ou le maternage insolite

 

Cette pouponnière accueillit des orphelins de guerre, qui y furent maternés et soignés d’une façon exceptionnelle. Il s’agissait de permettre à ces enfants sinistrés de se développer le plus harmonieusement possible.

Sous la direction du docteur Emmi Pikler, le lieu proposait un environnement permettant à l’enfant d’exprimer librement son mouvement spontané, ainsi que de choisir son activité. Comme l’avait également mis en place Maria Montessori 40 ans plus tôt.

 

En effet, Emmi Pikler, était forte de ses observations des tout petits, et convaincue que le mouvement ne s’enseigne pas par l’adulte, mais qu’il naît spontanément chez l’enfant. Il s’agissait alors de laisser éclore, se développer et se réaliser ce mouvement naturel en toute liberté.

L’accueil des bébés au quotidien se voulait respectueux du rythme de chacun. Elle pointait elle aussi tout comme Maria Montessori, l’importance du rythme individuel de chaque enfant. Les travaux d’Emmi Pikler témoignent à quel point il est important en tant qu’adulte de ne pas vouloir substituer son rythme à celui de l’enfant. En agissant ainsi on brûle les étapes de son développement naturel, on frustre son exploration, sa confiance en lui, et on freine sa connaissance de lui-même et du monde.

La question du rythme de nos vies modernes d’adultes et aujourd’hui plus que jamais d’actualité. À l’heure de la course à l’efficacité et à l’accumulation d’activités, nous recentrer sur le rythme de l’enfant, paraît essentiel afin de soutenir son développement harmonieux.

Aussi observer son mouvement, s’adapter à son rythme, montrer l’exemple au jeune enfant en prenant le temps de réaliser nos actions de façon ordonnée et appliquée : voilà la meilleure aide extérieure que nous pouvons apporter au développement du mouvement.

Ce que le docteur Pikler a nommé « Le maternage insolite » est un véritable accompagnement de l’enfant dans la prise de conscience de son corps et de sa personne.

Au sein de la pouponnière Loczy, chaque adulte portait une attention toute particulière aux soins corporels et vitaux offerts individuellement à chaque enfant

« Le maternage insolite » invite ainsi l’adulte à parler à l’enfant, dès qu’il est dans une relation d’échange et de soin avec lui. Prévenant par exemple l’enfant du changement de position qui va avoir lieu lorsqu’il le déplace, afin que celui-ci puisse anticiper et ne pas être déstabilisé par ce changement. En commentant ce qu’il fait à l’enfant lors du soin, et en mettant des mots sur ce que le bébé semble exprimer. Cet accompagnement verbal nourri la relation; mais aussi la confiance de l’enfant en son environnement; et aide au développement du langage.

Ainsi, en considérant que l’enfant apprend en s’exerçant par lui même, en choisissant son activité et en trouvant ses propres solutions, le docteur Emmi Pikler rejoint la pensée de Maria Montessori.

Et ce notamment concernant l’importance à accorder à la nature de l’aide apportée à l’enfant.

Pour en savoir plus sur l’aide utile apportée par l’adulte , je vous invite à découvrir mon article sur le besoin d’exploration du jeune enfant

 

Fanny

Montessori aujourd’hui

Au delà du succès commercial dont fait aujourd’hui l’objet « le matériel Montessori », se trouve une réelle proposition éducative; dessinant un modèle de société prenant racine au coeur d’une éducation à la Paix.

En effet, on ne peut pas parler de Maria Montessori sans aborder la question de la Paix et du rôle essentiel que doit y jouer selon elle l’éducation de nos enfants. Dans ses ouvrages, Maria Montessori exprime une véritable philosophie en envisageant l’éducation comme une aide à la vie. Et selon elle, seule l’éducation des enfants, citoyens de demain, peut permettre à l’homme d’établir durablement la Paix et faire cesser les guerres (elle vivra les deux guerres mondiales, ce qui explique sa profonde implication dans la recherche de la Paix).

Aussi, lorsqu’on s’intéresse à la proposition de Maria Montessori, on comprend très vite que son but n’a jamais été de focaliser sur les savoirs et les connaissances académiques de l’enfant. Ce qui importait à la pédagogue était la formation de l’homme. Comment permettre à l’enfant de se construire en tant qu’individu indépendant, libre de faire des choix raisonnés pour lui et pour sa société, et heureux de participer à la construction du monde auquel il appartient.

Aussi, pour Maria Montessori, l’éducation doit être envisagée comme l’ensemble des « aides données à la personne humaine pour conquérir son indépendance. »

L’adage de Montaigne « une tête bien faite plutôt qu’une tête bien pleine », est donc ici tout approprié.

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Aussi, l’adulte doit travailler en profondeur sa posture et ses propositions. Et ce afin de permettre à l’enfant de nourrir ses intérêts et de répondre à ses besoins naturels de développement.

Il ne s’agit pas, via les activités proposées, de répondre à un cahier des charges de compétences à acquérir, de connaissances à engranger, séance après séance, point par point, objectif après objectif… En effet, lorsqu’on s’intéresse à l’enfant, à son mode d’être au monde, à sa façon d’incarner celui-ci, alors il parait indispensable de quitter nos logiques modernes de performances et d’efficacité.

La philosophie Montessori nous pousse d’abord, nous adulte, à prendre le temps de nous arrêter et de nous adapter au rythme de l’enfant, de nous élever à son niveau. Nous élever oui, car l’enfant est celui qui peut encore, là où nous ne le pouvons plus; prendre le temps d’être dans « l’ici et le maintenant ». Il est cet être qui jouit pleinement de ce que l’humain a de plus cher au monde : le moment présent. Car en effet, c’est bien tout ce que nous avons : le présent. Le passé n’étant plus et le futur n’étant pas encore.
L’enfant dans son mode d’être est tout à l’instant présent, il colle ainsi au monde, et fait chair avec lui d’une façon qu’il ne nous est plus possible de connaître en tant qu’adultes.

Percevoir cette richesse si précieuse que l’enfant porte en lui, c’est s’engager sur un mode d’éducation qui remet en cause nos préjugés éducatifs, mais qui ouvre également la porte à une fabuleuse relation à l’enfant.

Aussi, si c’est le développement du potentiel humain qui doit être le but de l’éducation, il parait essentiel pour l’adulte de connaître les lois naturelles qui sous-tendent le développement de l’enfant. Mais également de prendre le temps d’observer l’enfant. Car c’est aussi et surtout nos observations qui nous permettront de nous élever à son niveau, et de l’aider à cheminer vers son indépendance.

L’enfant est orienté par ses besoins et guidé par les lois naturelles de son développement. Comprendre qu’il apprend par sa propre activité, en puisant la culture dans son environnement, et non en la recevant de l’adulte. Voilà le premier pas vers l’enfant que nous propose de faire Maria Montessori.

 

Petit résumé pratique 

Montessori qu’est-ce-que c’est ?

  • C’est une proposition éducative qui s’adapte à l’enfant, et non pas une méthode figée.
  • C’est le fruit de la pensée et des travaux de Maria Montessori, femme médecin et pédagogue italienne du début du XXème siècle.

Quels sont ses buts ?

  • Aider l’enfant à conquérir son indépendance.
  • Lui permettre de devenir un adulte éclairé et épanoui, libre de faire ses choix.
  • Envisager l’éducation comme une aide à la Vie et un vecteur de Paix.

Comment mettre en oeuvre la proposition Montessori  ?

  • En laissant s’exprimer le mouvement libéré de l’enfant et son activité spontanée.
  • En observant l’activité spontanée de l’enfant pour identifier ses besoins.
  • En aménageant un environnement adapté à ces besoins et pensé pour l’enfant.
  • En s’élevant au niveau de l’enfant et en s’adaptant à son rythme.
  • En respectant les lois naturelles du développement de l’enfant.

 

Pour poursuivre, je vous propose de découvrir en quoi le besoin d’exploration du jeune enfant est primordial dans son développement. Vous pouvez cliquer ici pour accède au billet que j’ai consacré à ce sujet.

 

Fanny

 

L’aide utile

Maria Montessori invitait les adultes à être attentif à l’aide qu’ils apportent au jeune enfant. En effet, elle distinguait l’aide utile de l’aide inutile. Il s’agit d’avoir toujours à l’esprit d’apporter à l’enfant cette aide utile, véritable soutien, et donc d’être attentif à ne pas, avec toute notre bonne volonté, empêcher l’enfant de faire ses propres expériences.

Et l’aide utile, se construisant sur l’observation de l’enfant, l’importance de celle-ci est à nouveau au coeur de cette réflexion. Lorsque j’observe l’enfant, je peux proposer un soutien adapté car basé sur ce que l’enfant me renvoie.

Exemple : si j’observe un petit bébé allongé sur le dos, qui met toutes ses forces à se retourner sur le ventre. L’aide inutile, est de l’aider physiquement à se retourner, en l’aidant à basculer. En effet, par ce geste, on stoppe l’effort que l’enfant est en train d’accomplir et qui est une source immense d’apprentissage pour lui. Quel dommage!

En effet, lorsque l’enfant porte tous ces efforts à se retourner, il mobilise tous les muscles de son corps, son équilibre, ses appuis, mais aussi sa volonté, sa concentration, sa confiance en lui-même et donc son estime de lui-même et sa joie d’accomplir une nouvelle conquête.

L’aide utile ici est d’accompagner l’enfant par notre regard et nos mots. Se placer au niveau de l’enfant, le regarder, lui sourire et lui dire :  » je vois que tu fais de grands efforts pour te retourner; tu y mets toute ta volonté, tu es très concentré. C’est merveilleux ce que tu essaies de faire. C’est difficile encore mais très bientôt tu vas y arriver, tu travailles fort pour ça, tu vas voir, tout bientôt tu pourras te retourner. »

Ici, mettre des mots sur ce que fait l’enfant c’est lui permettre de prendre conscience de lui et de son corps.

L’adulte ici de par sa posture, son regard et ses mots témoigne à l’enfant toute l’attention et l’amour qu’il lui porte. Les mots, l’expression du visage de l’adulte sont soutenant, ce sont eux qui portent l’enfant, bien plus que la main qui fait basculer l’enfant sur le ventre et donc stoppe tous ses efforts, son apprentissage. L’aide utile se situe dans ce portage émotionnel stable et admiratif que nous pouvons offrir à l’enfant.


Petit résumé pratique 

  • Le jeune enfant est un formidable explorateur de son milieu.

  • L’apprentissage spontané et autonome est l’expression naturelle des besoins développementaux de l’enfant.

  • À nous adulte d’enrichir son ambiance de vie et ses possibilités d’expériences afin qu’elles soient les plus fécondes possibles pour lui.

  • Mais à nous également de veiller à apporter une aide utile et à ne pas nous substituer à l’enfant ou bien à empêcher cette exploration.

Fanny

 

Les ateliers Massage bébé

À la rencontre de votre bébé

Savourez un moment précieux et privilégié avec votre bébé dans une atmosphère détendue en compagnie d’autres parents. Une instructrice en massage bébé certifiée vous accompagne pas à pas dans l’apprentissage des gestes de massage, à l’écoute de votre bébé, à son rythme et au votre.

Le programme suivi est celui de l’IAIM – International of Infant Massage, représenté dans plus de 70 pays dont la France par l’intermédiaire de l’AFMB  – Association Française du Massage pour Bébé.

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Qu’est-ce-que le massage pour bébé ?

Le massage pour bébé est l’art d’utiliser le toucher nourrissant afin de communiquer avec son enfant, pour lui montrer qu’il est aimé, accueilli et respecté. Il est important qu’ils se sente en sécurité et rassuré dans son nouveau monde.

C’est un merveilleux moyen de créer un lien avec son bébé parce que le massage a des bénéfices émotionnels et physiques.

Il aide à fonder un lien de proximité entre parent et bébé qui a des bénéfices éternels.

En tant que parents, vous apprenez à masser avec votre bébé. L’instructrice formée par l’International Association of Infant Massage (IAIM) et membre de l’Association Française de Massage pour Bébé, vous guide pas à pas.

Au cours des 5 séances du cours, vous effectuez le massage avec votre bébé par le biais des gestes de toucher spécialement conçus. La méthode enseignée comprend aussi bien le massage suédois et indien que des techniques de réflexologie et quelques mouvements issus du yoga, afin que cet ensemble soit bénéfique pour l’enfant.

9 Bonnes raisons de masser votre bébé :

  • C’est un moment privilégié, tendre et aimant avec votre bébé.
  • Pour aider votre bébé à dormir mieux (et vous aussi !)
  • Pour soulager la constipation et stimuler le transit.
  • Pour soulager les maux du bébé (gaz, coliques, pleurs, reflux, etc.)
  • Pour vous procurer un moment de détente à tous les deux (utile pour toute sa vie)
  • Pour favoriser l’appréciation du toucher et les relations positives.
  • Pour améliorer le système digestif de votre bébé et l’absorption des aliments.
  • Pour stimuler le développement cognitif de votre bébé.
  • Et bien sûr pour aider votre bébé et vous-même à vous aimer.

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Un atelier parents-bébé c’est :

  • Un bébé de quelques semaines à 6 mois
  • Avec un ou ses deux parents
  • 5 séances d’ 1 h 30
  • 1 fois par semaine pendant 5 semaines consécutives​
  • 3 à 5 familles qui se retrouvent pour les 5 séances
  • Vous massez votre bébé, l’instructrice vous montre les mouvements sur son poupon

Un bébé libre de pleurer, dormir, manger, communiquer… Un parent libre de s’occuper de son enfant. De la convivialité, de la bonne humeur, de l’humour, du partage d’expérience, et des échanges bienveillants entre parents.

Une séance c’est :

Un moment d’accueil et de relaxation  pour se poser ici et maintenant.

Un apprentissage progressif des gestes de massage :

  1. Les jambes et les pieds
  2. Le ventre
  3. La poitrine et les bras
  4. Le visage et le dos
  5. Ensemble du massage et mouvements doux, inspirés du yoga pour bébé

À chaque séance une révision des mouvements déjà vus.

Un moment de discussion autour du massage et des thèmes liés à la parentalité (les pleurs, le sommeil, l’adaptation du massage à l’enfant qui grandit… et tout autre sujet qui intéresse les parents).

Trouver une Instructrice en massage bébé certifiée IAIM près de chez vous : 

Via le site de l’Association Française du Massage Bébé (AFMB)

 

Fanny

 

Le toucher sain et nourrissant

L’amour dans la peau

Le toucher est le 1er sens à se développer in utero et le dernier à s’éteindre avant notre mort.  Les recherches montrent que notre sens du toucher se développe entre la 6ème et la 9ème semaine de gestation.

La peau est notre plus grand organe car il recouvre tout notre corps. Elle est donc la première et la plus importante connexion de l’être humain avec son environnement.

Face à l’importance de ce sens dans la vie du petit être humain, il parait essentiel de s’intéresser aux besoins liés au toucher et à la peau chez le bébé et le jeune enfant.

« Les humains ne peuvent survivre sans le toucher, c’est un besoin fondamental » explique le Dr Ashley Montagu, célèbre anthropologue dans son livre La peau et le toucher, un premier langage. 

De plus en plus d’articles et de recherches démontrent ces faits et leur influence sur la 
croissance et la santé globale des bébés et des jeunes enfants. Grâce au toucher sain, le bébé humain non seulement survit, mais il s’épanouit.

En 1992, Tiffany Field, une psychologue a fondé le Touch Research Institute à la Faculté de Médecine de l’université de Miami aux Etats Unis. Il s’agit du seul centre au monde à être consacré à l’étude du toucher et à ses applications scientifiques et médicales.

Depuis plus de 20 ans, la chercheuse s’intéresse tout particulièrement à l’impact du massage thérapeutique sur le développement de l’enfant. Elle a notamment démontré l’impact du toucher sur le développement des bébés prématurés (47% de poids en plus par rapport aux autres bébés stabilisés).

Contrairement à la plupart des animaux, chez les humains les bébés sont totalement dépendants de leurs donneurs de soin en ce qui concerne le toucher. Il est le seul de nos sens sans lequel nous ne pourrions survivre.

Ainsi, lorsqu’un parent masse son bébé, le rythme régulier des mouvements caressants contribue à forger des liens de confiance et de sécurité qui sont si importants pour le développement futur du bébé.

Et les bienfaits du toucher nourrissant pour le bébé et ses parents ne s’arrêtent pas là…

Les bienfaits du toucher et du massage pour bébé 

  • Les parents apprennent à mieux connaître leur bébé, et à comprendre sa communication verbale et non verbale.

  • Par le contact physique étroit, les parents fournissent la température exacte dont le nouveau-né a besoin, ce qui lui communique un sentiment de confiance et de sécurité.

  • Le contact peau à peau stimule la sécrétion d’hormones qui sont à la base des soins, de l’amour et des comportements d’empathie.

  • Le toucher nourrissant libère aussi chez la mère les hormones qui facilitent la lactation et stimulent l’allaitement au sein.

  • Le massage aide les parents à se détendre et à donner une réponses appropriée.

  • La communication par le toucher est un langage que le bébé comprend immédiatement

 Femme massant son bébé

Fanny

 

Sources de l’article :

Association Française du Massage pour Bébé :

http://www.massage-bebe.asso.fr/les-bienfaits-du-massage-pour-bebe,2,0

La motricité libérée du tout petit

Motricité libre

Le mouvement libre est libérateur!

Nous pouvons soutenir le bébé dans son développement en favorisant son exploration libre et spontanée de son environnement.

La meilleure aide que nous pouvons lui apporter est d’aménager un environnement adapté permettant la réalisation de son mouvement libre. Et puis à partir de là, il s’agit d’avoir confiance en l’enfant et de le laisser bouger en toute liberté.

Cet aménagement de l’environnement et notre confiance en l’enfant sont essentiels afin qu’il puisse exprimer et explorer toutes ses potentialités, déjà si nombreuses même chez un tout petit bébé!

Si pour explorer et grandir l’enfant doit être libre de ses mouvements, c’est à nous adultes, de ne pas empêcher ses expériences motrices.

Placer un enfant dans une position qu’il ne peut pas encore prendre et quitter de lui même librement, c’est l’enfermer dans un mouvement insécure pour lui et empêcher son autonomie motrice. C’est pour cette raison qu’il est important de ne pas asseoir un bébé qui ne sait pas encore prendre cette position seul, c’est à dire s’asseoir seul.
Pour s’asseoir seul le bébé va pousser sur ses jambes et ses bras, activer les muscles de son dors, rouler sur le côté puis s’appuyer sur ses bras et ses mains et pousser encore pour s’asseoir. C’est un gros effort qu’il apprendra à faire par étapes et qu’il sera fier de réaliser de lui-même. L’infographie ci-dessous nous l’illustre parfaitement :de la naissance aux premiers pas

 

Le fait d’asseoir un bébé va à l’encontre de son développement psychomoteur : installé dans cette position sans l’avoir trouvé lui-même, il ne peut pas bouger comme il le souhaite, ni à son rythme.

Un bébé qu’on assoit alors qu’il n’est pas capable de le faire seul est un bébé qui reste coincé dans cette position. Souvent, lorsqu’il essaie de bouger, le bébé vacille et tombe à la renverse. C’est, justement le signe qu’il n’est pas encore prêt à s’asseoir.

Parfois on souhaite asseoir un bébé afin qu’il puisse « mieux jouer et voir le monde qui l’entoure ». Mais cette logique va à l’encontre de son développement naturel car physiologiquement son corps n’est pas encore prêt à tenir cette position. Il le sera plus tard mais c’est d’abord au sol que le bébé va jouer, apprendre à connaître son corps, éprouver ses forces et se muscler petit à petit.

La motricité du bébé se construit au fil du temps et des ses propres expériences, il apprend intuitivement à orienter son corps au fur et à mesure de la découverte de son environnement. Posé en position assise, le bébé est en fait dans une posture passive qui limite sa mobilité mais aussi son champ d’investigation : tenir la position sans pouvoir bouger, maintenir sa tête encore lourde, être déséquilibré à la moindre tentative d’attraper un objet, n’avoir la possibilité de regarder que ce qui est posé devant lui… ce n’est pas très stimulant !

Or, certains « objets de puériculture » que l’on peut penser ludiques et bons pour nos enfants sont en réalité de véritables entraves à leur développement. Les youpalas et autres trotteurs en font partie.

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En effet, un youpala ou un trotteur n’aideront pas l’enfant à s’asseoir ou à marcher plus rapidement, au contraire!
C’est de lui-même, en roulant sur le dos, puis sur le ventre, en rampant, que le bébé va se muscler physiquement tout en développant ses capacités motrices et la maturité globale qui l’amèneront à se tenir assis, puis bien droit.

Nous pouvons le soutenir en lui proposant un joli tapis d’éveil et en y plaçant de beaux objets qui éveilleront sa curiosité et lui donneront envie de venir par lui-même les découvrir. Par ailleurs, en tant qu’adultes, à nous de le regarder et de l’encourager verbalement pour l’accompagner dans toutes ses découvertes !

Enfin lorsqu’on parle de mouvement ou de motricité libres, il parait indispensable d’aborder les travaux réalisés par le docteur Emmi Pikler. Ils sont un formidable outil pouvant nous accompagner, et je vous en propose une petite présentation ici

Je place également ici un lien vers un article très complet proposant le point de vue d’une psychomotricienne sur la position assise du bébé.


Petit résumé pratique

  • La motricité libre permet à l’enfant d’explorer son ambiance de vie.

  • Simplement en vivant dans son milieu, à nos côtés, et en multipliant les expériences sensorielles et motrices, il se construit psychiquement et socialement.

  • À nous adultes, d’aménager un environnement qui permette cette motricité libre

  • Mais aussi de nourrir notre confiance en l’enfant

  • Et de veiller à ne pas substituer notre rythme à celui de l’enfant.

Fanny

Le besoin d’attachement du bébé

Petit tour aujourd’hui du côté de deux sujets qui me tiennent à cœur et qui sont intimement liés.

  • L’établissement des liens d’attachement entre le bébé et ses parents ou figures parentales.                                                                                                                                    
  • L’importance d’un toucher sain et nourrissant dans le développement de l’enfant, dont je vous parle dans cet article.

 


Le Processus d’Attachement

Au cours des quarante dernières années, les chercheurs ont commencé à comprendre comment l’être humain développe des liens avec autrui. Ils ont étudié comment il y est prédisposé dès sa naissance et comment il est primordial de développer des liens précoces avec le bébé afin de lui assurer la capacité d’interagir sainement avec son environnement.

L’établissement de liens d’attachement aux autres renvoie aux processus réciproques et interconnectés, impliqués dans la formation de la première relation entre un bébé et la personne qui en prend habituellement soin.

Pionnier de l’attachement, le psychiatre et psychanalyste John Bowlby a étudié dès les années 1940 le comportement et le développement des enfants séparés de leurs familles. En 1951, il rend à l’OMS un rapport à ce sujet après avoir particulièrement observé des orphelins en Europe et aux Etats-Unis. Il pose alors les bases de l’attachement : « il s’agit d’un instinct chez l’enfant, correspondant au besoin vital d’être écouté, entendu, compris et soutenu, besoin actif la vie durant ».

L’attachement est donc « le processus de toute une vie qui commence par un système réciproque et interactif entre les parents et leur bébé ». Cette première relation d’attachement est pour le bébé de prime importance : elle deviendra le modèle de base le plus significatif de toute relation qu’il développera au cours de sa vie.

En effet, la manière dont chacun d’entre nous apprend à être en relation est fortement liée aux premières expériences que nous avons vécues dans notre relation avec notre mère ou avec les personnes qui ont pris soin de nous.

Cependant, l’attachement étant le processus de toute une vie, l’être humain peut donc consciemment créer le lien d’attachement, et ce,  à quelque étape de la vie que ce soit. Ainsi, pour les familles d’accueil et les familles adoptives, tout autant que pour les parents qui ont été séparés de leur bébé, l’attachement peut avoir lieu. C’est également le cas pour les adultes qui pensent que s’ils n’ont pas eux-mêmes, selon leurs affirmations, créé des liens précoces adéquats, ils ne pourront plus, par la suite avoir de liens sains avec les autres et en particulier leur bébé.  Il n’est donc jamais trop tard pour créer un lien.

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Lorsque nous prenons un bébé dans nos bras, en le regardant et en lui parlant, que nous l’enveloppons de gestes et de caresses, nous participons à l’établissement des liens d’attachement entre lui et nous.

De fait, Le toucher est un des moyens privilégiés du processus d’attachement d’un bébé avec ses parents ou figures parentales.

Les éléments qui aident à créer le lien d’attachement entre les parents et leur bébé sont : le toucher, le contact visuel, l’odeur, l’ouïe et la voix, les pleurs, le sourire, l’allaitement. Également l’imitation, la synchronie et la prise en compte des biorythmes.

Le lien d’attachement est perturbé lorsque les éléments qui aident à créer le lien d’attachement entre les parents et leur bébé ne sont pas pris en compte ni nourris.

Lorsqu’il y a absence de contact physique et tactique, visuel entre le bébé et l’adulte.

Un bébé qu’on ne porte pas dans les bras, à qui on ne parle pas, qu’on ne regarde pas, ne peut pas établir de lien d’attachement avec sa figure parentale.
L’absence totale d’établissement de lien d’attachement entre un petit bébé humain et un autre humain conduit à une carence affective lourde se traduisant par une immense souffrance affective, psychologique et psychique chez l’enfant.

Le soin, l’attention, l’amour apportés par le parent construisent le lien d’attachement chez le bébé, son estime de soi, sa confiance en l’autre, en l’environnement et donc en lui-même. De cette confiance et cet amour nait l’attachement, aux autres d’abord, puis au monde qui l’entoure. 

Le toucher nourrissant (et donc le massage pour bébé) est donc un outil majeur du processus d’attachement chez le petit d’homme. Processus vital pour tous les êtres humains. Je vous en parle avec plus de détails dans cet article.

 

Petit résumé pratique

  • Les liens d’attachement sont des liens précoces entre le bébé et les personnes qui prennent soin de lui et répondent à ses besoins affectifs, physiques et psychiques.

  • L’attachement est le processus de toute une vie.

  • L’absence totale d’établissement de lien d’attachement entre un petit bébé humain et un autre humain conduit à une carence affective lourde se traduisant par une immense souffrance affective, psychologique et psychique chez l’enfant.

  • Les éléments qui aident à créer le lien d’attachement entre les parents et leur bébé sont : le toucher, le contact visuel, l’odeur, l’ouïe et la voix, les pleurs, le sourire, l’allaitement.

Fanny

Sources :

Les Pros de la Petite Enfance – Les découvertes de John Bowlby sur l’attachement :

https://lesprosdelapetiteenfance.fr/bebes-enfants/psycho-pedagogie/bowlby-et-la-theorie-de-lattachement/les-decouvertes-de-john-bowlby-sur-lattachement

photo d’introduction : ©Vladimir Mucibabic

Le besoin d’ordre du jeune enfant

L’enfant, entre 0 et 6 ans, traverse une période durant laquelle il est particulièrement sensible à l’ordre. Il s’agit même chez lui d’un besoin fondamental à son développement harmonieux.

Un besoin que nous pouvons repérer et soutenir, pour aider l’enfant dans sa construction psychique et sociale.

 

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S’ordonner c’est s’orienter

« (…) La nature a mis chez l’enfant cette sensibilité à l’ordre pour construire un sens intérieur qui n’est pas destiné à établir la distinction entre les choses, mais la distinction des rapports entre les choses. Et c’est ce sens qui transforme l’ambiance en un tout, là où ses différentes parties dépendent les unes des autres. C’est dans une telle ambiance, connue dans son ensemble, qu’il est possible de s’orienter pour atteindre à certains buts. Sans une telle acquisition c’est les fondements même de la vie de relation qu’il manquerait. » Maria Montessori, L’Enfant.

Cette citation de Maria Montessori est tirée de son livre L’Enfant, parut en 1936. Ces quelques lignes sont un très bon point de départ afin de comprendre l’importance de l’ordre et de la constance dans le monde du jeune enfant.

En effet, ordre, orientation et relation sont intrinsèquement liés et reliés dans la vie de l’enfant, et comprendre ces phénomènes nous permet de mieux comprendre l’enfant. Mais aussi d’éviter ou d’apaiser certaines situations conflictuelles qui peuvent sérieusement contrarier le quotidien…

Commençons par poser la définition de l’ordre dont il est ici question.

Nous ne parlons pas ici d’un ordre inhibant, qui empêcherait ou contrarierait le mouvement. Au contraire, l’ordre ici a une fonction de relation, qui va permettre le mouvement et l’activité de l’enfant.

Il s’agit d’un ordre, d’une organisation de l’environnement extérieur permettant à l’enfant de s’ordonner intérieurement, c’est à dire psychiquement.

Un environnement épuré, rangé, ordonné, où chaque chose a une place précise et fixe, permet à l’enfant d’ordonner ses perceptions de ce monde qu’il découvre.

Grâce à l’ordre extérieur, l’enfant construit donc sa connaissance du monde et son sentiment de sécurité, de confiance. C’est cette base qui lui permet de s’orienter et le pousse alors à aller découvrir; explorer librement et à faire des liens entre les différents éléments de sa réalité.

C’est parce qu’il connait la place de tel jouet dans sa chambre, qu’il sait retrouver la place de son doudou, qu’il retrouve toujours à la même place tel meuble dans la salle de bain, ou tel objet dans la cuisine, que l’enfant est sécurisé, apaisé. Il peut alors prendre appui sur cette connaissance de son environnement, cette capacité d’orientation, pour s’élancer plus loin et continuer sereinement son exploration.

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S’ordonner c’est ritualiser

Un rythme routinier est repérant, rassurant pour l’enfant et lui permet de développer sa capacité à anticiper et donc à s’adapter.

L’enfant a besoin de repères dans le temps : manger et se coucher à heures fixes par exemple; mais aussi dans la façon dont les adultes prennent soin de lui et lui présentent le monde. L’adulte doit donc être ordonné dans son attitude, dans sa façon de bouger, ses gestes, qu’il ralenti pour qu’ils soient précis, adroits, sécurisant (lors du portage, des soins, des repas, du coucher…). Ces moments de relation à l’enfant doivent être ritualisés, être constant et repérant pour le bébé et le jeune enfant.

Notre façon de nous adresser à l’enfant aussi est un repère fort pour lui; le ton de notre voix, les mots que nous employons. Également la façon que nous avons de le porter dans nos bras, de le toucher.

Voilà autant de rituels organisés du quotidien, qui sont de véritables organisateurs internes pour l’enfant.

Observez un enfant qui pénètre dans un lieu familier où il connait la place des objets; ainsi que les personnes s’y trouvant. L’enfant n’est pas distrait ou perturbé car il connait cette ambiance. Un environnement familier, adapté diffuse un sentiment de sécurité chez l’enfant qui lui permet de poser son attention, de s’engager dans son activité autonome, et donc de se concentrer.

C’est en se concentrant que l’enfant peut apprendre et se construire psychiquement. Car il est centré, dans l’ici et le maintenant, connecté à son activité, à son besoin; qu’il nourrit et qui le construit.

Ordre extérieur et concentration sont donc reliés. Tout comme l’ordre intérieur qui est une conséquence directe de la concentration.

Nous ne faisons pas autre chose lorsque nous méditons. Pour méditer, l’ordre extérieur est indispensable. Difficile de méditer dans une pièce encombrée et dérangée, dans le bruit et le désordre. Nous avons besoin pour méditer d’un minimum d’ordre extérieur. C’est cela qui nous permet de nous focaliser, de nous concentrer. De cette concentration; vécue par le méditant, naît alors un sentiment de bien être, d’équilibre, d’ordre intérieur retrouvé.

Cette analogie nous permet de comprendre l’importance à accorder à l’ordre lorsqu’on prend soin d’un tout petit, comme d’un plus grand.

Il ne s’agit pas d’être figé et rigide; la vie est faite d’imprévus, de changements, de nouveautés et de spontanéité. Face au mouvement naturel de la vie, il s’agit que notre attitude générale envers l’enfant reste constante et régulière. C’est avant tout la posture et l’attitude de l’adulte qui aide l’enfant à s’organiser intérieurement et répondre ainsi à son besoin naturel d’ordre.

Cohérence et anticipation

Il nous faut porter notre attention sur la cohérence éducative que nous transmettons à l’enfant, la cohérence de nos façons d’être, mais aussi du cadre et des règles de vie qui sont autant de repères pour l’enfant.

Il parait indispensable d’aider l’enfant à porter lui aussi très tôt son attention sur cette cohérence de l’environnement.

– Penser à sécuriser, en rangeant au mieux l’espace de vie avec leur aide.

– Encourager l’enfant, dès qu’il en est capable, à ranger et à classer ses affaires. Pour cela, mettre à sa disposition des bacs à jouet organisés et triés, et l’aider à ranger et à classer. Ce genre d’activité de tris nourrit la pensée logique de l’enfant qui en classant, en ordonnant ainsi, développe son esprit logique et mathématique.

– Dès 2 ans et demi, l’enfant peut vous aider à classer les vêtements sec après un lavage (gants de toilette, torchons de cuisine, culottes, chaussettes…)

– Il en est de même pour la vaisselle : trier les couverts après la vaiselle (fourchettes, couteaux ronds, grandes cuillères, petites cuillères….)

– Respectez l’enfant dans ses petits rituels sécurisant (lors de l’arrivée à l’école le matin; lors du retour à la maison le soir, et en général au cours des temps de « transition » d’un espace ou d’un moment de la journée à l’autre).

– Permettre au maximum à l’enfant d’anticiper, et ainsi, d’ordonner les évènements qui vont avoir lieu pour lui. Pour cela, prévenir l’enfant suffisamment à l’avance lors d’un départ : « cet après-midi nous allons rendre visite à mamie ». Puis à nouveau 5 minutes avant : « Tu te souviens je t’ai dit que nous allions chez mamie. Je reviens dans 5 minutes pour t’aider à te préparer d’accord ? »

– Le prévenir également de ce qu’on attend de lui :  « Je vois que tu joues,  mais c’est bientôt l’heure de dormir alors dans 5 minutes il faudra ranger et aller te mettre en pyjama d’accord ? Tu as encore 5 minutes de jeu je reviens ensuite. »

– Dans ces cas là, il est utile de s’assurer que l’enfant ait bien entendu et compris (un petit « d’accord ? » permet de capter son attention et son regard). Penser à toujours se placer à la hauteur de l’enfant et s’adresser à lui en le regardant dans les yeux. 

– Si l’enfant a une réaction disproportionnée face à un évènement qui vous paraît anodin, essayez de comprendre ce que vous avez fait différemment par rapport à d’habitude.

– Essayer, dans la mesure du possible, de ne pas trop perturber le rythme de l’enfant (surtout pendant ses périodes de vacances) avec des changements de vie trop brutaux. Si l’ordre est perturbé en permanence, l’enfant le sera aussi.

– Dans la même logique, il est important de ne pas attendre d’un enfant qu’il apprécie rapidement des personnes inconnues ou des lieux nouveaux.

Il est dans la nature humaine de ne pas être à l’aise face à la nouveauté.  Gardez à l’esprit que l’enfant entre à peine dans le monde; tout lui est inconnu et tout est déjà constamment nouveau pour lui. 

Il est bien sûr important d’apporte de petites nouveautés dans la vie d’un enfant mais il s’agit d’un savant dosage. Plus un enfant est jeune, plus il a besoin de stabilité et plus le changement sera synonyme de difficulté pour lui. Certains enfant, en fonction de leur personnalité y seront plus sensibles, ainsi, notre observation doit, comme toujours guider notre réponse éducative. Tout comme doit l’être notre connaissance des besoins de l’enfant et de ses sensibilités particulières.

La période sensible de l’ordre

Ce besoin d’ordre est en effet un besoin fondamental chez l’enfant. Et de 0 à 6 ans, l’enfant y est particulièrement sensible. Il traverse en effet durant les 6 premières années de sa vie, différentes périodes sensibles, dont la plus fondatrice est celle de l’ordre; qui sera l’axe névralgique permettant aux autres périodes sensibles de se déployer correctement chez l’enfant. 

Les périodes sensibles chez l’enfant de 0 à 6 :

  • La période sensible de l’ordre,
  • La période sensible du développement et du raffinement du mouvement,
  • La période sensible développement et du raffinement du langage,
  • La période sensible du développement et du raffinement des perceptions sensorielles,
  • La période sensible du développement social,
  • La période sensible aux petits objets (que Maria Montessori a peu développé dans ses écrits).

Les autres périodes sensibles ne peuvent se déployer harmonieusement sans une toile de fond solide : l’expression de la période sensible de l’ordre.

Le besoin d’orientation, de sécurité, de stabilité que nous éprouvons tous en tant qu’adulte, est la juste continuité du besoin d’ordre primordial chez l’enfant.

Pensons à notre ressenti émotionnel d’adulte lorsque, persuadé que nous avions laissé un objet à une place précise (exemple typique : notre téléphone portable…), nous ne le retrouvons plus à cette place-ci. Analysons encore notre inconfort lorsque quelqu’un déplace nos affaires sans nous en informer, ou alors lorsqu’un plan organisé à l’avance est annulé à la dernière minute, indépendamment de notre volonté.

Exemple plus percutant encore; l’incompréhension que produit chez nous, le changement soudain d’humeur ou de ton de notre interlocuteur. 

Que ressentons-nous face à ces bouleversements de l’ordre extérieur que nous construisons au quotidien ? Lorsque nos rituels sont perturbés, lorsqu’une organisation n’est pas respectée, lorsque nous ne pouvons prévoir la réaction d’un autre, c’est intérieurement qu’un désordre naît. Ce désordre entraîne contrariété, stress et mal-être.

En tant qu’adulte, nous avons les forces nécessaires (la plupart du temps….) pour nous adapter au désordre extérieur qui fait irruption dans notre quotidien et nous désorganise intérieurement. Nous avons construit, au fil des années, les outils nous rendant capables de contenir ce désordre, de retrouver un équilibre interne, et de nous réorganiser autrement, de nous adapter, en fonction du désordre rencontré.

Le jeune enfant lui n’est pas encore capable de faire cela, son développement ne le lui permet pas encore. C’est donc à nous adulte, de l’aider à construire petit à petit cette organisation intérieure, cette capacité d’adaptation et de retour à l’équilibre. L’aide utile et primordiale à apporter à l’enfant est donc de lui proposer une organisation extérieure stable et sécurisante, un rythme de vie le plus ritualisé et constant possible.

Sans cette organisation repérante, base sécurisante, constante et contenante, le besoin d’ordre de l’enfant est contrarié.

L’enfant exprime alors sa désorganisation par son comportement. Nous assistons alors à de ce que nous nommons « caprices » ou « crises »; expressions violentes du désordre intérieur vécu par l’enfant.

Ainsi, l’ordre intérieur n’est pas suffisamment instauré et solide, un désordre peut-être perçu par l’enfant comme un drame. L’enfant peut manifester le déséquilibre intérieur vécu par des comportements de refus, d’opposition ou encore des pleurs, lorsque la période sensible de l’ordre est heurtée.

S’ordonner c’est se relier

L’Ordre extérieur fait donc fonction d’étayage à la construction de l’ordre intérieur chez l’enfant. Mais également à sa relation au monde et aux autres et à son besoin d’exploration. En effet, l’enfant a besoin de rencontrer un environnement suffisamment ordonné sinon il sera extrêmement difficile pour lui de comprendre son monde, de s’y orienter. Mais également difficile de mettre en lien les choses du monde, et donc de se mettre en lien avec le monde et les autres.

C’est en ce sens que Maria Montessori écrivait que sans orientation ce sont : « les fondements même de la vie de relation qu’il manquerait ».

S’ordonner, s’orienter, permet donc au jeune enfant d’entrer en relation avec le monde. Monde auquel appartient l’autre. Le besoin d’ordre fondamental chez l’enfant nourrit donc un autre besoin essentiel : celui de socialisation.

Ainsi, c’est également la construction de sa vie sociale que nous soutenons, en tant qu’adulte, lorsque nous permettons à l’enfant de s’orienter. En effet, nous l’aidons à envisager sa propre place dans la société, ainsi que la place des autres.

Au sein d’un environnement constant et sécurisant où il pourra évoluer en toute confiance, l’enfant ne se sentira pas inquiété quant à sa place dans le monde et dans son groupe social. L’autre ne sera donc pas vécu comme un obstacle ou une menace à sa propre réalisation. Au contraire, l’autre, les autres, seront accueillis avec joie et curiositéL’enfant pourra donc s’engager dans sa vie, et dans ses relations aux autres en toute confiance,

 

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Petit résumé pratique

  • Un environnement épuré, rangé, ordonné, où chaque chose a une place précise et fixe, permet à l’enfant d’ordonner ses perceptions de ce monde qu’il découvre.

  • Un rythme routinier est repérant, rassurant pour l’enfant et lui permet de développer sa capacité à anticiper et donc à s’adapter.

  • L’adulte doit être cohérent dans sa façon de prendre soin de l’enfant et dans le cadre et les limites qu’il pose. Cela sécurise l’enfant.

  • C’est en se concentrant, en se centrant dans l’ici et le maintenant que l’enfant peut apprendre et se construire psychiquement.

  • Le jeune enfant n’est pas encore capable de maîtriser ses émotions et sa désorganisation intérieure.

  • L’aide utile et primordiale à apporter à l’enfant est donc de lui proposer une organisation extérieure stable et sécurisante, un rythme de vie le plus ritualisé et constant possible.

  • Le besoin d’ordre fondamental chez l’enfant nourrit donc un autre besoin essentiel : celui de socialisation.

    Fanny

Le besoin d’exploration du jeune enfant

L’enfant est mue par des guides intérieurs, des forces innées à notre espèce, qui le poussent à explorer sans cesse son environnement.

Lorsqu’on prend le temps d’observer un bébé, on ne peut que constater toute les forces et la volonté que celui-ci déploie pour cette exploration.

Les bébés sont de merveilleux observateurs, très patients et très attentifs. L’enfant, que Maria Montessori qualifiait de « chercheur d’impressions », apprend d’abord en regardant, en écoutant, en sentant, en goûtant, en touchant toutes les choses qui l’entourent. Sa main, formidable outil d’apprentissage et de construction, attrape; par réflexe d’abord, puis volontairement. La main touche, serre, lâche, caresse, prend, jette, fait rouler, fait sauter, porte à la bouche bien sûr; car c’est par ce biais dans un premier temps que le bébé reconnaît puis classifie les différents objets du monde qu’il rencontre.

Puis, dès qu’il peut changer de position par lui-même et se déplacer, dans la façon qu’il a de positionner son corps dans l’espace et de se mouvoir; l’enfant explore, apprend, s’adapte, et répète encore son effort, sans cesse. Le bébé est artisan de sa propre construction. Un artisan tenace, appliqué et très volontaire. Un explorateur passionné et infatigable….pourvu qu’on le laisse faire!

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En tant que parent ou éducateur, il peut être parfois difficile de décoder certains comportements ou réactions du tout jeune enfant et de lui proposer une réponse ou une aide adaptées.

Il s’agit alors de prendre le temps d’observer le bébé ou le jeune enfant, et d’essayer de le comprendre. Car c’est avant tout par son mouvement extérieur que l’enfant va nous donner les clés de ce qui se joue pour lui à l’intérieur, dans sa construction personnelle. En l’observant, on réalise que chacun des comportements de l’enfant exprime un besoin, une tendance, une sensibilité particulière.

En effet, il est possible de donner du sens aux comportements du tout jeune enfant. Il ne s’exprime pas encore par le langage oral, mais son langage corporel quant à lui nous en dit long! Cette pratique de l’observation attentive de l’enfant nous permet de repérer les besoins essentiels, que l’enfant cherche à satisfaire de par ses actions et ses comportements. En repérant ces besoins essentiels, nous pouvons alors accompagner et aider l’enfant dans son apprentissage autonome de la vie.

Maria Montessori écrivait que l’enfant apprend simplement en vivant, de par ses expériences dans son milieu et ses différentes interactions avec celui-ci. Lorsque je parle ici d’autonomie, il s’agit donc de ce que seul l’enfant peut faire et accomplir par lui-même; ce pourquoi nous ne pouvons nous substituer à lui.

C’est parfois difficile mais il s’agit de trouver le positionnement juste. Celui qui permettra à l’enfant de répondre à son besoin d’autonomie tout en conservant sa base de sécurité affective et physique.

Maria Montessori nommait ce positionnement l’aide utile. Vous pouvez cliquer ici pour accède au billet que j’ai consacré à ce sujet.

A bientôt, pour de nouvelles explorations 🙂

Fanny


Petit résumé pratique 

  • Le jeune enfant est un formidable explorateur de son milieu.

  • L’apprentissage spontané et autonome est l’expression naturelle des besoins développementaux de l’enfant.

  • C’est avant tout par son mouvement extérieur que l’enfant va nous donner les clés de ce qui se joue pour lui à l’intérieur, dans sa construction personnelle.

  • A nous adultes, de prendre le temps d’observer le bébé ou le jeune enfant, et d’essayer de le comprendre.

Montessori qu’est-ce-que c’est ?

Depuis quelques années, les pédagogies dites « alternatives » intéressent de plus en plus de parents. Conscients que les premières années de la vie de l’enfant représentent un trésor précieux et fragile dont il faut prendre le plus grand soin; ils souhaitent s’engager sur un autre chemin, plus respectueux des besoins de leurs familles.

La proposition développée par Maria Montessori fait partie de ces approches qui, en s’éloignant des schémas « traditionnels » d’éducation et d’instruction, séduisent de nombreux parents.

Aussi, la « franchise » Montessori est-elle devenue un argument de vente très intéressant, pour les commerçants comme pour les politiques d’ailleurs… Montessori est partout, et il est parfois difficile d’y voir clair lorsqu’on débute ses recherches et ses questionnements.

Je vous propose donc (très modestement) de vous présenter dans ce billet, cette femme exceptionnelle qu’était Maria Montessori. Ainsi que les origines de sa pensée et de son travail qui guident aujourd’hui mon propre cheminement personnel et professionnel.

 


Qui était Maria Montessori ?

Maria Montessori est née en 1870 à Chiaravalle dans la province d’Ancône en Italie. En 1896, elle obtient son diplôme de médecine, devenant ainsi une des premières femmes médecins d’Italie.

D’abord assistante auprès d’un psychiatre, c’est en pratiquant l’observation des patients, adultes et enfants que Maria Montessori commence dès lors à développer en intuitions ce qui sera à l’origine de sa pensée.

Elle complétera sa formation de médecin par des études en anthropologie, en philosophie, en psychologie et en biologie. Elle souhaitait se donner les moyens d’appréhender l’être humain et son développement à travers un regard très éduqué, très développé, permettant de considérer l’être humain dans sa globalité.

Maria Montessori envisageait l’éducation comme une aide à la vie. Elle consacra de nombreuses années à l’élaboration de ce système de pensée complexe et puissant ; tout comme l’a été sa personnalité.

Après avoir travaillé auprès d’enfants considérés à l’époque comme « déficients », Maria Montessori se voit confier en 1907, la création de la première Casa dei Bambini, à Rome, dans le quartier populaire de San Lorenzo. Il s’agit de la première « Maison des Enfants », accueillant 60 enfants du quartier.

Ce lieu qui sera le véritable « laboratoire » de Maria Montessori est un espace préparé pour les enfants afin de répondre à leurs besoins de développement, et leur permettre de développer spontanément leurs compétences.

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Maria Montessori

Pour sa Casa dei Bambini, Maria Montessori fait construire un mobilier adapté à la taille des enfants et mobile. Elle fait ainsi construire trois dimensions de tables et de chaises adaptées aux différents âges et tailles d’enfants et ne visse plus les tables et les chaises au sol contrairement aux écoles traditionnelles.

En effet, selon Maria Montessori, l’activité spontanée ne peut émerger que parce que le mouvement est libéré. Le matériel proposé doit donc permettre cette libération du mouvement.

À San Lorenzo, Maria Montessori souhaite observer les activités spontanées des enfants. Elle a la conviction que c’est à travers cette activité que va se révéler la vraie nature de l’enfant. 

Les résultats qu’elle observera auprès des enfants de San Lorenzo attireront de nombreux scientifiques et pédagogues du monde entier. Curieux de connaître les méthodes employées par celle qui avait réussi à instruire et à rendre autonomes les enfants pauvres.

Ses observations des enfants et sa réflexion scientifique au sujet de l’ambiance de vie, de la posture de l’adulte et du matériel, constituent l’origine et le coeur de sa pensée et de sa démarche. C’est celles-ci que Maria Montessori développera par la suite afin de transmettre son message. Elle partagera ainsi ses travaux et ses expériences aux quatre coins du monde, et ce jusqu’à sa mort en 1952.

C’est grâce au travail mené au sein de la première Casa dei Bambini que Maria Montessori théorisera les bases de ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de « méthode Montessori ». Or, le terme figé et rigide de « méthode » ne peut être plus mal choisi afin de qualifier les travaux de la pédagogue. Celle-ci considérait en effet que l’important n’était pas que les adultes changent de méthode mais bien de regard sur l’enfant.


Petit résumé pratique 

Montessori qu’est-ce-que c’est ?

  • C’est une proposition éducative qui s’adapte à l’enfant, et non pas une méthode figée.
  • C’est le fruit de la pensée et des travaux de Maria Montessori, femme médecin et pédagogue italienne du début du XXème siècle.

Quels sont ses buts ?

  • Aider l’enfant à conquérir son indépendance.
  • Lui permettre de devenir un adulte éclairé et épanoui, libre de faire ses choix.
  • Envisager l’éducation comme une aide à la Vie et un vecteur de Paix.

Comment mettre en oeuvre la proposition Montessori  ?

  • En laissant s’exprimer le mouvement libéré de l’enfant et son activité spontanée.
  • En observant l’activité spontanée de l’enfant pour identifier ses besoins.
  • En aménageant un environnement adapté à ces besoins et pensé pour l’enfant.
  • En s’élevant au niveau de l’enfant et en s’adaptant à son rythme.
  • En respectant les lois naturelles du développement de l’enfant.

 


J’espère que ce billet vous aura plus, et qu’il aura pu éclairer ceux d’entre vous qui débutent leurs recherches et leurs réflexions.

Il m’est parfois difficile de résumer les essentiels de la proposition de Maria Montessori; l’exprimer ici a donc été un très bon exercice pour moi.

Ce billet, en me permettant de poser par écrit ce qui me semble être au coeur de sa pensée, reste bien sûr une introduction, esquissant les grands principes de cette approche. Dans le billet Montessori aujourd’hui , je reviens sur le modèle de société que dessine la pédagogue et qui prend racine au coeur d’une éducation à la Paix.

 

Fanny